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Un enfant sans histoire(s), Amélie Antoine

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Quatrième de couverture :

Je m’appelle Vadim et j’ai cinq ans. Mon petit frère s’appelle Nathan. Maman dit toujours que, de nous deux, c’est moi le plus sage.

Mon grand frère s’appelle Volodya. Maman n’aime pas trop quand je parle de lui. D’après elle, il n’existe pas.

Volodya, lui, me répète que ce n’est pas grave si les autres ne le voient pas. Et même, que c’est mieux comme ça.

L’avis d’Audrey :

Le prologue nous indique que tout finira par un drame. En même temps, avec un roman noir d’Amélie Antoine dans les mains, on sait que l’on est loin de passer un moment heureux et bienveillant.

Par un jeu de compte à rebours, laissant défiler les mois, entrecoupés de témoignages et réactions suite au drame, on fait la connaissance d’une famille : Marianne et Sylvain, après des années de combat pour avoir un enfant, ont adoptés Vadim qui avait déjà plusieurs mois. Et contre toute attente, Nathan, leur bébé miracle est arrivé peu de temps après.

La famille a tout pour être heureuse, et pourtant, depuis peu, Vadim, âgé de 5 ans, semble différent. Vadim s’invente un frère, Volodya. Un ami imaginaire qui prend un peu trop de place dans le quotidien de la famille. 11 mois, pendant lesquels Vadim enchaine les phrases glaçantes et situations perturbantes. Marianne est agacée par le comportement de son fils, alors que Sylvain tente de temporiser la situation. La famille, les amis du petit garçon, tous, éprouvent un malaise à son égard.

Marianne tente de comprendre pourquoi son fils se comporte ainsi. Son passé et ses origines peuvent en être la cause ?

11 mois qui défilent sous nos yeux de lecteurs, impuissants face au drame qui se prépare. Vadim m’a glacé le sang à plusieurs reprises. J’ai eu tellement de compassion et d’empathie pour Marianne. Comment ne pas se mettre à la place de cette mère, perdue et pleine de questions.  Un récit froid, percutant et qui vous fracasse le cœur. Un huis clos familial noir, qui demande également une certaine ouverture d’esprit.

Amélie signe ici un nouveau roman qui ne laisse pas indemne. Elle livre un roman brillant, avec des personnages que je ne risque pas d’oublier de si tôt.

 

J’irai te chercher jusqu’au bout du monde, Shobha Rao

Livres du mois insta (46)

Quatrième de couverture :

Une fois par mois, la jeune Poornima monte au temple d’Indravalli Konda pour prier pour sa mère décédée. Aînée d’une grande fratrie, elle sait que son destin n’a rien d’enviable : elle épousera l’homme que choisira son père. Lorsqu’elle rencontre Savitha, qui semble encore plus pauvre qu’elle mais déborde de joie, les jeunes femmes se lient d’une amitié si forte qu’elle allume chez elles l’étincelle de l’espoir. Et si une vie était possible au-delà des murs étouffants du village ?

Quand Savitha, victime d’un acte d’une cruauté extrême, doit prendre la fuite, Poornima laisse tout derrière elle pour partir à sa recherche. Son périple la mènera aux États-Unis, dans l’univers abject de la pègre indienne de Seattle. Animées par l’espoir fou d’être un jour réunies, toutes deux ne reculeront devant aucun obstacle et affronteront le pire de la société des hommes.

Un premier roman bouleversant, véritable hymne à l’amitié féminine et à la résilience.

L’avis de Laure :

Oh là là ce livre. Ames sensibles, s’abstenir ! Les récits qui évoquent la situation des femmes en Inde sont souvent poignants, j’en avais déjà lus et pourtant celui-ci a réussi à me retourner le cœur.

Vous n’oublierez sans doute pas de sitôt la triste destinée de Poornima et Savitha. Issues l’une comme l’autre de familles très pauvres, nous découvrons très vite la difficulté pour chaque famille de parvenir à se nourrir au quotidien mais aussi la terrible difficulté du sort des filles qui sont amenées à se marier et auxquelles la famille doit fournir une dot. C’est un marchandage commercial qui est franchement à vomir, ces pourparlers entre les familles et le côté du futur époux qui ajoute encore et encore des exigences pour conclure le mariage. Non seulement c’est triste de lire comment une famille va devoir se saigner pour marier sa fille mais en plus, ce mariage n’est absolument pas attendu et espéré par la future épouse qui n’a pas eu son mot à dire !

Les traditions indiennes sont très dures de notre point de vue européen mais croyez-moi, ce livre ne s’arrête pas à cela. Ici, la destinée des deux jeunes femmes est absolument dramatique. Comment est-il possible de se relever d’un tel enchaînement de drames ? Ici, la seule chose qui sauve nos 2 héroïnes c’est leur lien, leur amitié, la certitude qu’elles finiront par se retrouver, à l’autre bout du monde comme le titre l’indique. Et quel périple pour en arriver là, quelle détermination et quelles ressources il a fallu mettre en œuvre ! Une lecture oh combien poignante.

Ma notation :

Poignant et difficile.

(Partenariat non rémunéré, lecture offerte par les éditions Charleston)

Tant de nuances de pluie, Asha Lemmie

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Quatrième de couverture :

Kyoto, 1948. Nori Kamiza n’a que huit ans lorsque sa mère la laisse devant l’immense demeure de sa grand-mère. La famille Kamiza est parmi les plus nobles du Japon, or Nori, aux cheveux crépus et à la peau foncée, est le fruit d’une relation scandaleuse avec un gaijin, un étranger, noir de surcroît. Alors sa grand-mère l’accueille, mais va tout faire pour la cacher. Elle l’installe au grenier et l’oblige à subir des traitements pour la rendre plus « japonaise » : elle lui lisse les cheveux et la soumet à des bains d’eau de Javel pour blanchir sa peau. Nori accepte son sort, malgré sa curiosité lancinante pour ce qui se trouve à l’extérieur des murs du grenier. Mais lorsque le hasard amène son demi-frère aîné légitime, Akira, sur le domaine qui est son héritage et son destin, Nori accède à un monde nouveau. Un monde dans lequel elle n’est pas une intruse, mais un être libre, digne d’être aimé. Cependant tout a un prix. Et la liberté de Nori exigera plus d’un sacrifice…

L’avis de Laure :

Quel roman ! Il va me rester en tête un moment. Je n’en ai d’ailleurs vu que de bons avis et je partage totalement ce ressenti tant l’histoire de la petite Nori est poignante. C’est une lecture qui marque aussi parce qu’elle met en avant une culture que l’on lit moins et le poids des traditions nippone est ici particulièrement bien illustré.

Pourtant, Nori n’est rien dans la vie et on ne cessera de lui rappeler. Fille illégitime d’une princesse et d’un soldat afro-américain, lorsque sa mère l’abandonne aux soins de sa grand-mère, c’est l’enfer qui commence. L’enfer au côté d’une femme soucieuse de son rang et de la bien pensance, qui va tout faire pour atténuer le teint métis de sa petite fille, la cloitrant dans un grenier, à l’abri des regards. L’enfant qu’est Nori ne comprend pas, on ne lui explique rien, toute sa vie elle va se contenter du peu qui lui est donné, ne jugeant pas cela anormal.

Mais lorsque son demi frère vient vivre lui aussi chez leur grand-mère, c’est une bouffée d’espoir et de bonheur qui va débuter pour Nori. Elle a enfin quelqu’un, qui lui donne quelque chose, qui l’écoute, qui partage son savoir bref qui la considère. On est totalement suspendus aux talents de conteuse d’Asha Lemmie. Elle ne va rien épargner à Nori, lui faisant vivre mille vies et tout autant de drames. Et nous sommes là, lecteur, suspendu aux pages, l’espoir noué aux lignes qui restent à lire. De drames en drames, on voit Nori chuter et se relever, on attend, on attend, on a foi en l’humanité, en le fait que cette vie d’errance va aboutir et permettre à l’enfant devenue femme de conquérir son bonheur.

Et pourtant, il y a ce final, qui tient beaucoup, je pense, de la culture japonaise, du poids des traditions, de la façon dont tous les pays japonais grandissent. Nori n’échappe pas à la règle… Alors, pour moi et ma culture européenne, cette fin a été un énième coup de poignard et une bien triste désillusion. Mais, avec le recul, je comprends. C’est un grand roman, une destinée extrêmement touchante, il est alors normal que nous ressortions tous chamboulés de cette lecture pleine d’émotions.

Ma notation :

Une très très belle découverte.

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(Partenariat non rémunéré, lecture offerte par les éditions Harper Collins)

L’amour ne vit qu’obscurément, Brianna Wolfson

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Quatrième de couverture :

Les opposés s’attirent, mais peuvent aussi causer des frictions. Willow ne le sait que trop bien. Son père, Rex, est un homme méthodique et sérieux qui n’hésite pas à placarder des listes de corvées sur le mur de sa chambre. Rosie, sa mère, est pétillante, toujours en train de rire et retrouve sa fille dans leur cabane dans les arbres en plein milieu de la nuit pour faire des orgies de bonbons.
Après leur divorce, Willow est obligée de faire des allers et retours constants entre ces deux mondes qui s’entrechoquent. Sa préférence va à sa mère, si drôle et pleine d’énergie. Mais le comportement de Rosie devient de plus en plus agité, et la facette sombre de l’amour sans limites qu’elle porte à sa fille est révélée.
Rex a su comprendre, mais en sera-t-il de même pour Willow ?
Fantasque, émouvant, inspirant, ce roman explore les façons inattendues dont l’amour peut s’exprimer et nous toucher.

L’avis de Laure :

Encore un roman pour lequel je n’avais aucune attente particulière et qui a pourtant su être un vrai régal ! Quelle surprise que cette famille, ce couple, cette mère et sa fille. Des personnages atypiques à l’histoire renversante, j’en ressors conquise.

Il y a 2 histoires en une : celle d’un couple parfaitement mal assorti mais qui va s’aimer passionnément. Avant de rompre, on ne saura pourquoi qu’après un long moment… En parallèle, leurs 2 enfants vivent les 2 vies parallèles de tous les enfants de parents séparés. Une vie magique auprès de leur mère où tout est permis, où chaque jour est une fête et où l’amour est une effusion permanente. Et une vie rangée, cadrée, millimétrée auprès d’un père qui n’a pas su découvrir l’éducation autrement que dans un cadre strict. Bien évidemment, Willow et Asher aiment follement leur mère. Et font avec ce père à qui il manque la douceur.

Mais on le sent venir, il va y avoir un mais, un cafouillage dans cette histoire, un accroc en partie lié au pourquoi de la séparation du couple. Alors, tout monde crescendo pour notre quatuor. On le vit à travers le regard innocent de Willow, la fille de 9 ans, elle voit les événements anormaux, on ne les lui explique pas, elle ne les comprend donc pas. Mais elle souffre.

Nous on sait, et c’est là ce qui m’a particulièrement touchée et qui est toute la magie au cœur de ce roman : j’ai vu venir l’impossible de cette histoire, le drame, le nœud du problème et le fait qu’il n’y a pas de solution évidente. On voit la souffrance installée et celle à venir, on essaie de faire l’hypothèse d’un avenir, on les rêve heureux pourtant on sait que cela a peu de chance de se produire. Petit à petit, on plonge plus avant dans la souffrance, on a envie de prendre la petite Willow par la main, de dire à sa mère qu’on aimerait l’aider, qu’on la comprend, de donner des ressources au père pour s’en sortir.

C’est un roman qui met en avant de manière profonde l’amour, l’amour du couple, l’amour parental… L’amour et ses failles. Et c’est beau, c’est plein d’émotion. Lisez-le !

Ma notation :

Un très beau roman, une énorme surprise.

Mon acrobate, Cécile Pivot

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Quatrième de couverture :

Ce matin, Izia regarde son mari quitter l’appartement où ils ont élevé leur fille Zoé, renversée par un chauffard quelques mois auparavant. Izia n’a pas un geste pour le retenir. Elle est soulagée d’être seule avec son chagrin, libre de s’enfermer dans la chambre intacte de Zoé.
Mais au fil des jours, la faim, le besoin de marcher, de sentir le soleil sur sa peau, reviennent. Izia comprend qu’elle doit vivre cet « après » et trouver une activité où nul ne sait rien de sa perte. Elle a l’idée de proposer ses services à des gens souhaitant débarrasser le domicile d’un proche disparu.
Ainsi Izia devient-elle une drôle de déménageuse. Pour l’aider, elle embauche Samuel, un jeune homme au franc-parler déconcertant et aux fragilités touchantes.
Cette rencontre, et toutes celles suscitées par son travail incongru, sont les premiers fils bien fragiles qui ramèneront peu à peu cette femme perdue vers la vie.

L’avis de Laure :

Le deuil, un sujet difficile qui m’a donné envie de lire ce roman. Cécile Pivot nous livre un couple qui a vécu le pire, la perte de leur fille unique, âgée de 8 ans. Pour Izia, vivre sans Zoé semble impensable. Elle s’écroule, part dans une très longue dépression qui l’éloignera aussi de son mari.

Il lui faudra cette séparation et du temps, beaucoup de temps, pour écrire une nouvelle page de sa vie. Etonnamment, elle retrouve un goût au quotidien en aidant les autres, des personnes qui elles aussi, souvent, ont traversé un deuil, qui doivent alors débarrasser les affaires de la personne disparue. C’est surprenant de se plonger dans le deuil des autres pour pouvoir avancer soi-même. Ou peut être que la douleur des autres, faisant écho à la sienne, aidera Izia ?

Le passé nous replonge dans la vie d’Izia au temps du bonheur avec Zoé et alterne avec ces passages chez ses clients successifs avec chaque fois un nouveau défi à relever pour vider appartements et maisons, trier les affaires qui ont une valeur sentimentale, accompagner la personne qui a du mal à jeter, etc. J’ai bien aimé cette facette du roman, qui titille la curiosité que nous avons tous en nous, cette curiosité de découvrir ce qu’ils cachent dans leurs tiroirs et leurs placards.

Le drame au cœur du roman, ce chauffard qui met fin à la vie d’une petite fille pleine de vie ne peut que nous toucher. Pour autant, j’ai lu le roman avec intérêt mais en attendant toujours la petite émotion, le lien d’attachement qui allait se faire avec Izia. Et finalement, c’est plutôt Etienne le papa, qui met moins ses émotions à distance, qui a su me toucher.

Ma notation :

Un roman sur le deuil et comment le drame remue le couple, sur le temps qu’il faut à chacun pour reprendre pied dans la vie.

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(Partenariat non rémunéré, lecture offerte par les éditions Harper Collins)