La fille au sourire de perles, Clemantine Wamariya

Quatrième de couverture :

Un témoignage nécessaire qui nous incite à regarder au-delà du statut de victime. Clemantine Wamariya livre une histoire poignante et inspirante qui révèle l’importance de chaque existence et la puissance du récit.

Rwanda, 1994. Clemantine a six ans lorsqu’elle doit fuir les massacres avec sa grande soeur Claire. Sans nouvelles de leur famille, déplacées de camps de réfugiés en camps de réfugiés, elles affrontent la faim, la soif, la misère et la cruauté pendant six ans avant d’arriver aux États-Unis.
À Chicago, Clemantine est recueillie par un couple aisé et découvre soudain une toute autre réalité. Projetée dans un véritable rêve américain, l’adolescente est pourtant plus perdue que jamais. Une question s’impose alors : comment se reconstruire et donner un sens à son histoire après avoir vécu l’enfer ?

L’avis de Madameourse :

J’ai reçu ce livre que je voyais déjà passer un peu sur les réseaux sociaux, via les Masse Critique Babélio, tout comme ma copine Ellemlire. Il était donc évident pour nous que nous lirions ce titre en duo et ça a ajouté un grand intérêt à notre lecture de pouvoir partager nos sentiments au fur et à mesure. On a décrypté ainsi, après lecture, une partie de non dits.

Lorsqu’on ouvre ce livre, il commence par une carte de l’Afrique qui dessine les trajets de Clemantine et sa sœur Claire. Et déjà là, le choc, elles ont été accueillies dans tous ces pays ? Quel parcours les a conduites toutes deux à un tel exil ? Je n’avais pas commencé ma lecture que déjà je l’appréhendais, la carte ne pouvait qu’être le reflet d’une vie terriblement dure.

En fait, les chapitres du livre s’alternent entre le parcours qui les a menées à être séparées de leur famille rwandaise et l’arrivée finale, aux Etats-Unis, où elles pourront enfin se reconstruire. Et je crois que c’est ce qui m’a le plus émue dans l’histoire de Clemantine justement, la reconstruction. Elle est sans filtre avec nous, lecteurs. Elle écrit ce livre à un moment de sa vie où elle est déjà très engagée, devenue conférencière, active sur plusieurs plans pour faire progresser les choses, alerter les gens, et tout cela via le récit bien sûr de sa propre destinée. Elle nous dit comme les réactions naturelles des gens lui déplaisent, elle n’aime pas le regard, l’analyse que nous portons nous, de l’extérieur, sur son histoire, sur l’histoire du génocide rwandais.

Le livre m’a ouvert les yeux sur l’histoire de l’Afrique puisque les faits relatés ici sont quand même plutôt récents. Je n’avais pas connaissance de tout ça, je crois que ça prouve aussi à quel point la situation du continent africain ne soucie pas les grandes puissances mondiales dans lesquelles nous vivons. Et pourtant, ces populations qui s’entretuent, c’est affreux ! Et ce n’est pas que la situation du Rwanda puisque, dans leur fuite, Claire et Clemantine retrouveront ces mêmes conflits ailleurs. Clemantine n’a que 6 ans quand commence son errance, on le ressent un petit peu je trouve dans le récit. Et encore, je suis vraiment surprise de tout ce dont elle a pu se souvenir.

Leur quotidien cela va être la fuite, la misère, la faim, la débrouillardise et la ruse pour survivre, en permanence. Claire, la grande sœur de Clemantine m’a sidérée, elle met à profit, dans chaque nouvelle ville, dans chaque camp de réfugiés, son intelligence pour gagner de l’argent et de quoi survenir à leurs moyens un minimum. Et puis, bien des fois, dans l’urgence, elles vont perdre le peu qu’elles auront construit, contraintes à fuir au plus vite.

Lorsque les deux sœurs arrivent aux Etats-Unis, on pourrait croire que leur calvaire s’achève. Mais l’après est important, comme souvent dans ces histoires de peuples martyrisés puisqu’on rapproche beaucoup l’histoire de Clemantine et de son peuple au génocide juif de la seconde guerre mondiale. Et cela, Clemantine l’évoque bien ici. L’après c’est l’adaptation à un continent inconnu, apprendre sa langue, ses usages, reprendre le chemin de l’école aussi alors que Clemantine n’a reçu aucune instruction au cours de ses  7 années d’errance. Ce qui m’a frappée dans le parcours de reconstruction de Clemantine c’est la capacité qu’elle a eu d’analyser son vécu. Et en même temps, une immense colère que j’ai ressentie très fortement. C’est une jeune fille en colère, qui a perdu ses parents, son enfance, son âme et qui doit tout reconstruire. Ses parents, elle va les retrouver mais après toutes ces années, recréer le lien comme avant, c’est impossible ! Comment aller de l’avant ? Elle le dit, elle ne peut pas pardonner, elle ne peut pas oublier ni passer à autre chose.

Je ne voudrais pas vous donner une image trop dure de ce livre, il m’a surtout été instructif et enrichissant. On ne peut pas se mettre dans la peau de ces gens et imaginer leur vécu en écoutant leur histoire. Pour autant, je trouve ça important personnellement de savoir. Je souhaite à Clemantine une vie aussi apaisée que l’est le chapitre final du livre que j’ai trouvé doux et fort.

Ma notation :

Une lecture marquante sur laquelle il y a plein de choses à dire, ce récit m’a beaucoup apporté. Clemantine Wamariya cite à plusieurs reprises le livre d’Elie Wiesel, La nuit. Elle m’a donné envie de le lire.

(Roman lu dans le cadre des Masse Critique Babelio)

3 commentaires sur « La fille au sourire de perles, Clemantine Wamariya »

  1. Je ne sais pas si je vais le lire. J’ai déjà lu beaucoup de livres sur la vie des victimes du génocide. J’ai peur de me retrouver face à une lecture déchirante. l’Afrique aurait eu un autre visage s’il n’y avait pas eu l’Europe et l’Amérique mais bon il faut avancer et être réellement indépendant de ces puissances

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    1. Finalement je n’ai pas trouvé la lecture du récit en Afrique si dure. Il y a je crois une partie sous entendue qu’elle n’a pas voulu dire. Hésite pas à lire l’avis d’ellemlire en lien pour te faire une idée plus complète avant de te lancer

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A vos claviers !