L’enragé, Sorj Chalandon

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Quatrième de couverture :

« En 1977, alors que je travaillais à Libération, j’ai lu que le Centre d’éducation surveillée de Belle-Île-en-Mer allait être fermé. Ce mot désignait en fait une colonie pénitentiaire pour mineurs. Entre ses hauts murs, où avaient d’abord été détenus des Communards, ont été «  rééduqués  » à partir de 1880 les petits voyous des villes, les brigands des campagnes mais aussi des cancres turbulents, des gamins abandonnés et des orphelins. Les plus jeunes avaient 12 ans. »

L’avis d’Audrey :

S’il y a un gamin à qui on aimerait donner des paires de gifles, c’est bien Jules Bonneau. Un jeune garçon rebelle, teigneux, insolent et revêche. Et pourtant, on ne peut que comprendre et approuver son comportement, vu comme la vie est elle même une garce avec lui.

On est en 1934, sur l’ile de Belle-Île-en-mer : Julien y est enfermé dans un bagne pour enfants. Un soir d’été, plus de 50 pensionnaires arrivent à s’échapper. Mais comment fuir et où aller quand on est cerné par l’océan ? Les habitants sont mis à contribution pour retrouver les fuyards, contre la promesse de recevoir une pièce en argent. Mais à la fin, il en manque seulement un : Julien Bonneau.

Avec ce récit, on découvre les conditions de vies dans cette colonie pénitentiaire, qui n’a rien d’un camp de vacances. Les enfants sont maltraités, battus, humiliés. Ces jeunes personnes ne sont que de la main d’œuvre gratuite et docile. On assiste à toute cette violence, à la fuite, à l’espoir d’un ailleurs, au retour des enfants et à la folle cavale de Julien. Mais saurons-nous vraiment quel fut son sort ?

Ce roman même s’il n’est que fiction, prend racine dans des faits et des lieux réels. L’auteur donne vraiment vie à Julien : Sorj Chalandon lui donne une présence, une âme. Mais pas qu’à lui ! On entre au cœur de cette île, au plus près des habitants, du personnel pénitentiaire, avec ce qu’ils ont de plus sombre et de plus sinistre en eux. Pourtant, certains personnages sauront apporter un peu de douceur.

Avec un style d’écriture percutant et saisissant, dans une ambiance austère et nauséabonde,  Sorj Chalandon m’a mis froid dans le dos. Tout n’est que que crasse et noirceur, l’espoir y est rare et la violence règne. Redonner ainsi vie à ces gamins, à ces oubliés, à ceux que l’on ne voulait pas voir, c’est juste bouleversant et plein d’humanité.

6 commentaires sur « L’enragé, Sorj Chalandon »

  1. Merci pour ce retour de lecture ; j’aime beaucoup SOrj Chalandon alors forcément tu donnes envie sur ce titre 🙂 Bonne soirée

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  2. Merci pour cet avis.
    C’est ma fille de 9 ans qui m’a fait découvrir l’histoire de ce bagne il y a quelques semaines – elle aime écouter le podcast « les Odyssées » de France Inter, et y a écouté « La révolte des enfants du bagne de Belle-Ile ».
    Elle m’avait déjà donné envie d’en savoir plus; grâce à toi, je vais pouvoir me plonger dans cette histoire.

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A vos claviers !