La malentendue, Yolaine Destremau

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Quatrième de couverture :

Non, je ne suis pas une femme battue. Pas moi. Je repousse cette idée avec force. Je n’ai pas le profil type, je ne suis pas née pour ça. Je refuse qu’on me mette dans cette boîte, celle des victimes. Je n’aime pas les victimes, je n’aime que les héroïnes.

Une brillante avocate s’apprête à plaider. Elle sait ce qu’elle a à faire, à dire, pour convaincre les jurés et la cour. Sa voix ne tremble pas, elle joue avec les mots et les silences. Elle est à sa place.

Une patiente est allongée sur un lit d’hôpital. Multiples fractures, côtes fêlées, coupures. Sous morphine, elle est incapable de se rappeler ce qui lui est arrivé. Son mari prétend qu’elle est tombée sur une table basse.

Ces deux portraits sont celui d’une même femme, Cécilia, oscillant entre déni, peur et détresse… Comment échapper au cycle de la violence ? C’est peut-être l’inconnue croisée dans un café, qui l’écoute alors que la police ne l’a pas fait, ou le nouveau client qu’elle doit défendre et qui semble comprendre ce qu’elle ne dit pas, qui l’y aideront.

Dans un style maîtrisé et élégant, Yolaine Destremau aborde avec réalisme le sujet des violences conjugales au travers de personnages finement construits.

L’avis de Laure :

On ne s’attendrait pas à cela, derrière la douceur du profil de cette femme en couverture… Mais elle-même ne s’attendait pas à ça non plus, à ce que sa vie bascule dans l’horreur. Elle n’avait pas le profil. Et pourtant…

Avocate, on pourrait croire Cécilia suffisamment informée des violences pour ne pas en subir à son tour. Et pourtant, Yolaine Destremau nous montre tellement bien par le choix de son héroïne à quel point tout ça est insidieux. Le diplôme, le début de la vie professionnelle, la vie de couple, le mariage, tout semblait simple et tout tracé. Mais petit à petit, il n’est plus l’homme qu’elle a épousé. Elle le comprend, elle l’excuse puis elle le pardonne. Et c’est trop tard, la voilà prise dans l’engrenage. Et sa vie bascule dans l’enfer, celui des violences conjugales.

C’est un roman qui interpelle tant on voit le mécanisme de manipulation se mettre en place : l’isolement, les mots qui font mal, qui rabaissent et puis, les coups. Tout y est et tout aurait du interpeller Cécilia. Mais elle devient très vite impuissante, comme toutes les femmes qui subissent ces faits. C’est une lecture nécessaire, à partager autour de soi. Il faut que les femmes puissent se sortir de ces violences, il faut en parler.

Le roman est court car tout va tellement vite, l’enfer se dessine à grand pas. Et le chemin pour s’en sortir est bien loin d’être simple. En témoigne ici, la fin dramatique pour les personnages.

Ma notation :

A lire !

Merci aux éditions Charleston pour cette lecture

A vos claviers !