Ils étaient vingt et cent…, Stanislas Petrosky

Quatrième de couverture :

Gunther, jeune allemand opposé au régime nazi, excelle dans l’art du dessin.
Il se retrouve promu illustrateur officiel du camp de Ravensbrück, son œil d’artiste interprète la vie et surtout la mort.
L’histoire d’un homme qui a vu la construction et la libération du plus grand camp d’extermination de femmes du IIIème Reich, un homme qui a vécu des deux côtés des barbelés.

L’avis de MadameOurse :

En débutant ce roman, on est prévenus, les scènes dures ne nous seront pas épargnées. J’ai l’habitude, vous le savez, de lire des romans sur cette thématique et pour autant, c’est la première fois je crois que je vois cette alerte. Et finalement je la trouve bien justifiée.

Gunther va nous faire vivre à ses côtés, l’histoire complète du camp de Ravensbrück (camp situé en Allemagne au Nord de Berlin). Ce jeune allemand sera envoyé là par ses parents pour y travailler, bien content au début d’échapper ainsi à la vie de soldat. Il va construire le camp puis être l’un de ses surveillants. Ce jeune artiste est repéré pour ses dessins et devient alors dessinateur officiel du camp. Une place privilégiée puisqu’il échappe ainsi à la dureté des rôles de gardien mais une place qui a ses revers. J’ai beaucoup pensé à un autre roman en découvrant Gunther. Le tatoueur d’Auschwitz avait en effet également une place privilégiée mais qui amenait aussi son lot d’horreurs.

Gunther va devoir dessiner des scènes de torture, des scènes d’expérimentations médicales barbares (celles des lapins de Ravensbrück dont je vous parlais avec cet autre roman), des scènes de corps sans vie et tout cela en étant forcé de relater le moindre détail, les expressions des visages, la joie sadique d’un côté et l’anéantissement total de l’autre. C’est un roman qui est vraiment dur à lire parce que les faits cruels sont là. Et d’ailleurs, ce rôle de dessinateur va peser énormément sur le moral de Gunther, dessiner toujours des choses si sombres, si tristes, se savoir du côté des allemands sans rien soutenir de leurs actions. Il aura du mal a faire semblant d’adhérer à la doctrine nazie et malheureusement cela se remarquera.

C’est un homme un peu lâche, qui assume sa couardise mais qui tentera quand même un petit peu, à sa façon d’agir, pour aider les déportées. Et puis il va vivre cet événement qu’il n’avait jamais imaginé vivre dans une telle horreur : l’amour. Je dois dire que cette partie du roman m’a un peu fait tiquer parce que je trouve le début de son histoire d’amour pas spécialement bien amené. C’est un coup de foudre ni plus ni moins mais c’est un peu léger, je n’ai pas trouvé le sentiment vécu par Gunther très crédible ni la façon dont il « séduit » la jeune femme. Evidemment la séduction est un grand mot parce qu’elle n’a pas vraiment sa place dans le camp de l’horreur qu’est Ravensbrück.

La fin du roman nous fait bien vivre le rythme haletant de l’attente de la fin, l’attente de la libération parce que les déportés savent, entendent les combats qui approchent, ressentent le stress de leurs bourreaux donc il y a cet espoir sans en connaitre la date, c’est long, on a l’impression d’avancer d’un pas, de reculer de deux et j’ai trouvé cela assez bien relaté. Il m’a manqué quelque chose dans l’achèvement du roman c’est d’avoir une petite idée du parcours de vie qu’a pu connaître Gunther après le camp. Dans la mesure où c’est lui, le vieil homme de 99 ans qui nous raconte son histoire, on a la curiosité de savoir ce qu’a été toute sa vie.

Ma notation :

Un roman de plus sur ma longue liste de lectures de la seconde guerre mondiale. Un savoir qui s’enrichit pour moi. Une lecture dure mais nécessaire.

(roman lu en partenariat avec Netgalley)

 

Le titre du roman s’appuie sur une chanson de Jean Ferrat, Nuit et brouillard. Je vous invite à en écouter ou réécouter les paroles.

A vos claviers !