Quatrième de couverture:
1919. Le train de Paris s’arrête dans un jet de vapeur. Tailleur chic, voilette, Corentine tient sa revanche. C’est la première fois qu’elle revient en Bretagne, dans ces Montagnes noires qui l’ont vue naître et, dès l’enfance, trimer aux champs. Vendue à sept ans à un maquignon, placée à douze chez des bourgeois de la capitale, la petite paysanne illettrée en a fait, du chemin – d’humiliation en humiliation, de chambre de bonne en usine d’armement. Viendrait l’amour. Viendrait la Marne.
Un destin de combat auquel sa petite-fille, cent ans plus tard, rend ici un hommage poignant.
L’avis d’Audrey :
Le roman s’ouvre en 1919, on part à la rencontre de Corentine. Elle est de retour en Bretagne après des années loin des siens et loin de cette terre. On sait quelques détails sur la vie qu’elle vient de quitter, arrivant de Paris avec sa fille Juliette. A Gourin, son village natal, c’est le moment de retrouver la famille, le dialecte breton et la misère. C’est le moment de se rappeler son enfance et le début de sa vie de femme.
C’est une enfance pauvre, où la faim ronge et où le malheur guette. L’école s’arrête vite pour la petite Corentine, qui doit veiller sur un jeune frère et seconder sa mère. Une vie difficile à laquelle elle est extraite à l’âge de 7 ans pour aller servir de boniche dans une autre maison, et en envoyant tout son maigre salaire à sa famille. Puis c’est le départ pour Paris : elle officiera dans une première maison où elle connaitre humiliations et maltraitance. Corentine ne se plaint jamais, elle résiste et se forge un sacré caractère. Puis vint le moment d’une rencontre, une belle rencontre qui lui permettra le temps de quelques mois d’espérer que le malheur l’ait un peu oublié. Et le drame revient frapper sans crier gare.
Au fil des rencontres, des événements, des difficultés et victoires, Corentine devient la femme sûre d’elle, à la tête droite et haute qu’a connu sa petite fille Roselyne. Ce roman c’est l’histoire de cette femme, et quelle femme ! L’histoire d’une destinée qui a permis à la petite jeune fille de campagne de s’élever et d’aspirer à une autre vie.
L’histoire de cette femme est contée avec beaucoup de tendresse, de pudeur et d’amour. On ressent à travers sa description toute la fierté qu’éprouve l’auteure pour son aïeule. En parlant de Corentine, c’est aussi le moment parfait pour nous parler de la Bretagne, de la place des femmes dans la société, des conditions sociales dans lesquelles vivent les pauvres au début du vingtième siècle ou encore d’évoquer rapidement le monde ouvrier d’après guerre.
En lisant ce roman, j’ai vraiment été saisie d’une certaine émotion sans pouvoir bien l’expliquer. Et en lisant le dernier paragraphe de Roselyne Bachelot, j’avais l’impression que derrière mon épaule, Corentine approuvait d’un léger sourire. Oh oui, quelle belle revanche !
Ma notation :
Un livre intéressant et émouvant. Si vous avez l’occasion de le lire, faites-le sans hésiter.